Par l’incompétence et l’incurie de l’État, la crise sanitaire consécutive à l’épidémie par le COVID-19 a été et reste très mal gérée. De nombreux articles, émissions de radio et vidéos relatent ce sujet. Cet article propose, pour le futur, l’idée d’une « force sanitaire », en prévision d’une nouvelle épidémie, tout comme il existe des « forces armées ».
Une armée est indispensable
La majorité des pays possèdent une armée. Ceux qui n’en sont pas pourvus (environ une trentaine dans le monde, soit environ 15%) sont de faibles superficies et leur population n’excède pas les 500 000 habitants. Leur défense est alors assurée dans le cadre d’un accord avec un, voire des pays voisins.
Il apparaît donc normal qu’un pays ait une armée. Son objectif premier est bien évidemment d’en assurer la défense en cas d’attaque étrangère, de pouvoir riposter et de manière plus générale d’en défendre les intérêts.
L’armée est financée par les citoyens, c’est-à-dire par les impôts. Personne ne trouve à redire à cela à part quelques antimilitaristes idéalistes. Le budget de la défense française prévu pour 2020 s’élève à 37,5 milliards d’euros, soit moins de 2% du PIB tel qu’il était évalué avant la crise que nous connaissons actuellement.
À titre de comparaison, le budget de la défense 2020 des USA s’élève à 738 milliards de dollars ce qui correspond à presque la somme des budgets militaires de tous les autres pays de la planète.
Le virus SARS-CoV-2
Le 16 mars dernier, dans son allocution aux français, le Président de la République a déclaré que nous sommes en de guerre, une guerre sanitaire. Il s’agit là d’une invasion par le virus SARS-CoV-2 responsable de la maladie COVID-19. Sa contagiosité extrêmement élevée a été responsable de la pandémie qui s’est développée.
Personne n’a bien sûr l’arme absolue contre ce virus émergent. À la différence des guerres conventionnelles, où l’ennemi est souvent connu, on a affaire ici à un ennemi inconnu. Il a très vite été identifié. Grâce aux efforts et à la collaboration des scientifiques du monde entier, la recherche pour lutter efficacement contre ce virus avance plus vite que ce qui avait été le cas lors de pandémies précédentes. Néanmoins, cela demandera de nombreux mois et peut-être un an ou deux pour trouver des solutions fiables et efficaces pour se protéger du virus et lutter contre les effets qu’il induit sur la santé des personnes contaminées. C’est une lutte difficile car si l’homme sait s’adapter, le virus le fait aussi en mutant au cours du temps déjouant ainsi les contre-mesures qui pourraient être mises en place.
Les pandémies
Le tableau rappelle quelques pandémies célèbres. À celles-ci s’ajoutent des épidémies qui ont imposés à différents pays des périodes de confinements, comme le SARS (virus SARS-CoV-2, 2002-2003, 774 morts), le MERS (virus MERS-CoV, 2012-…, 850 morts), la grippe porcine (virus H1N1, 2009-2010, entre 100 000 et 400 000 morts) ou Ebola (virus, 2014-2016, 11 300 morts). Rappelons aussi que la grippe saisonnière, pour laquelle on a en général un vaccin efficace, fait de l’ordre de 650 000 morts chaque année.
Pandémie (années) | Nombre de morts (estimation) |
Peste Antonine (165-180) ; virus | 5 millions |
Peste de Justinien (541-542) ; bactérie | 30-50 millions |
Variole japonaise (735-737) ; virus | 1 million |
Peste noire (1347-1352) ; bactérie | 50 millions (dont 25 en Europe) |
Variole européenne ; virus | 56 millions |
Peste (17ème siècle) ; bactérie | 3 millions |
Peste (18ème siècle) ; bactérie | 600 000 |
Choléra (1817-1923) ; bactérie | 1 million |
Peste (1855-1920) ; bactérie | 12 millions |
Grippe russe (1889-1890) H3N8 ; virus | 1 million |
Fièvre jaune (Fin 19ème siècle) ; virus | 100 000 à 150 000 |
Grippe espagnole (1918-1919) H1N1 ; virus | 40-50 millions |
Grippe asiatique (1957-1958) H2N2 ; virus | 1,1 millions |
Grippe de Hong Kong (1968-1970) H3N2 ; virus | 1 million |
Sida (1981-…) ; virus | 25-35 millions |
Grippe A (2009-2010) H1N1 ; virus | 151 000-575 000 |
CODIV-19 (2019-…) ; virus | Plus de 200 000 au 26 avril 2020 |
Tableau. Source Wikipedia
Le nombre de morts lors des pandémies doit être mis en regard avec la population mondiale à l’époque où elles sévissent. L’évolution de celle-ci lors du dernier millénaire est montrée dans la figure.
Figure. Évolution de la population mondiale depuis un millénaire. Les dates en bleu sont celles où la population a augmenté d’un milliard de plus.
Entre l’an 1 et 1000 la population mondiale a oscillé autour de 200-300 millions d’habitants au gré des épidémies.
Ce court rappel historique nous montre qu’il y a toujours eu des pandémies. Ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Comme elles se produisent de façon aléatoire, il est difficile d’anticiper leur apparition. Grâce aux antibiotiques les épidémies dues aux bactéries, comme la peste qui a décimé une grande partie de la population mondiale au 14ème siècle, peuvent maintenant être soignées. Néanmoins il y a encore de petits foyers peste (environ 300 cas par an à Madagascar) sauf en 2017 où plus de 2300 malgaches ont été infectés par la peste pulmonaire qui a fait environ 200 morts.
Ce qui est préoccupant aujourd’hui ce sont les pandémies d’origine virale qui sont très contagieuses et pour lesquelles il n’existe pas de traitement. C’est le cas du COVID-19, induit par le virus SARS-CoV-19. Il faut donc lutter contre la contagion pour éviter que le virus ne se répande dans la population. Dans un premier temps cela signifie isoler les malades pour éviter la transmission. Il faut le plus rapidement possible être capable de tester la population car des personnes asymptomatiques peuvent être contagieuses ce que l’on observe aujourd’hui. Dans un second temps, après le développement des tests rapides, il faut tester et isoler les personnes atteintes et contagieuses. Dès le début de la pandémie il faut que chaque personne puisse se protéger et protéger les autres comme cela a été fait dans les pays qui ont traité sérieusement le problème : masques, gel, distanciation sociale, etc.
En n’ayant pu prendre ces mesures par manque de moyens matériels (masques, solutions hydro-alcooliques, etc.) et en dissimulant ces manques par des mensonges, la France a pris du retard dans la lutte contre le COVID-19. En résulte le confinement prolongé que nous connaissons actuellement, aux répercussions économiques catastrophiques…
Le virus « bureaucratique »
La lutte contre le coronavirus ayant démarrée, on s’est aperçu qu’un grand nombre de difficultés administratives ou dogmatiques dans de nombreux domaines ont freiné ou arrêté l’acquisition de matériel (masques, gel, surblouses jetables, respirateurs, etc.) ainsi que plusieurs initiatives personnelles pour lutter contre le Covid-19. Ceci est abondamment illustré par des documents et vidéos sur le net. Pour ne citer qu’un exemple, il a fallu plus de 3 semaines (demande dès le 15 mars avant qu’un décret et un arrêté soient émis le 6 avril) pour que les 75 laboratoires d’analyse départementaux aient l’autorisation de faire les analyses Covid-19 à cause d’une norme qui les en empêchait. On s’est ainsi privé de 150 000 à 300 000 tests par semaine alors que l’état d’urgence était déclaré.
Les français doivent donc non seulement lutter contre le coronavirus mais aussi contre le « virus » bureaucratique terme qui englobe les règlements et normes inutiles, le principe de précaution mal appliqué, les règles de marché public, etc. Il y a tellement de contraintes pour faire quelque chose, dont certaines sont contradictoires, qu’en voulant laver plus blanc que les autres on sort le linge sale de la machine. Plutôt que d’être efficace et de simplifier la vie des gens on se demande si ce qui guide l’administration n’est pas plutôt : « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?».
De l’argent mal utilisé
Il ne faut pas croire que la crise sanitaire du coronavirus ait été mal gérée en raison d’un problème seulement financier. Outre les mauvaises décisions qui ont été prises, une bonne partie de l’argent consacrée à la santé est mal utilisée depuis des décennies. La comparaison des résultats de la lutte contre le coronavirus entre l’Allemagne et la France montre indiscutablement nos faiblesses. Au 26 avril 2020, selon la Johns Hopkins University & Medicine, il y avait environ 162 000 cas de Covid-19 confirmés en France et 157 000 en Allemagne. Le nombre de morts est en revanche très différent : 22 902 en France et 5 877 en Allemagne. Pourtant L’Allemagne et la France consacrent un peu plus de 11% de leur PIB pour la santé ce qui est un peu plus que la moyenne européenne. Notre sécurité sociale, que personne ne nous envie plus, est dévorée par la bureaucratie et les mauvais choix politiques ont fait le reste. Ainsi, il y a deux fois plus de lits par habitant en Allemagne qu’en France. Par million d’habitants, il y a 5 fois moins de décès par le Covid-19 en Allemagne qu’en France mais 4 fois plus de tests. L’OCDE indique que 35,22% des emplois hospitaliers français sont administratifs (non médicaux ni paramédicaux) contre 24,3% en Allemagne. Pour l’Allemagne ce qui est important au niveau de la santé c’est le pragmatisme, un mot sans doute absent du dictionnaire français.
La France est pourtant le champion du monde des dépenses publiques (56,4% du PIB contre 43,9% en Allemagne). Chaque année elle consacre 280 milliards d’€ de plus que l’Allemagne aux dépenses publiques. Comme quoi l’argent ne fait pas toujours le bonheur.
Que faudrait-il faire dans le futur ?
Il serait souhaitable que la France s’attaque aux 3 sujets suivants :
- Il faut déjà remettre d’aplomb le système de santé français après que les gouvernements successifs l’aient peu à peu affaibli. C’est une demande récurrente des soignants depuis de nombreuses années. Aujourd’hui les soignants manquent cruellement de moyens. C’est un peu comme si l’on envoyait au front des soldats avec très peu de casques, d’armes et de munitions. Heureusement pour les français que les soignants ont le sens du devoir et un dévouement exceptionnel malgré toutes les brimades et restrictions qu’ils subissent depuis des années de la part des technocrates.
- Tout comme l’armée en temps de paix prépare la guerre, et prépare la paix en temps de guerre, il faut prévoir une « armée de soignants » qui soient prêt à lutter contre une pandémie et qui complètera le personnel soignant actuel. Si le système de santé est remis sur les rails ils n’ont pas besoin d’être très nombreux et on peut aussi compter sur les retraités qui joueront le rôle de réservistes. Ceux qui sont actifs peuvent aussi être affectés à d’autres missions en l’absence de pandémie. On entretient bien une armée alors que nous ne sommes pas en guerre. Les virus sont de nouveaux ennemis dont il faut tenir compte : ils peuvent tuer et ruiner un pays. Tout ceci nécessite un budget pour le personnel et les réserves de matériel (masques, gel, médicaments, lits, appareillage d’urgence, etc.) ainsi que pour son entretien. Il faut aussi qu’il y ait un meilleur lien entre l’hôpital public et le privé (hôpitaux et cliniques, médecins généralistes et spécialistes). Chaque jour de confinement coûte à la France entre 1 et 2 milliards d’€ de PIB, sans compter la perte inestimable d’êtres humains. Une réserve importante de masques qui seraient opérationnels pendant plusieurs années coûterait moins d’un milliard d’€. Une cinquantaine de millions de tests coûteraient entre 5 et 10 milliards d’€. C’est faible comparé aux pertes humaines et matérielles auxquelles nous sommes et allons être confrontés aujourd’hui.
- Il faut tirer les leçons du « virus » bureaucratique qui est un véritable cancer et « soigner » celui-ci. On a et on aura un excellent retour d’expérience avec tous les blocages que l’on a pu identifier dans les multiples échelons administratifs lors de la pandémie. Il faut en tirer les leçons et faire des simplifications à tous les niveaux pour être le plus efficace possible en cas d’urgence. Il faut, dans le maquis des règlements et des normes, trier le bon grain de l’ivraie.
Au vu des faits, on constate aussi qu’au niveau de l’État le bon sens paysan a complètement disparu au profit de la technocratie et de l’incompétence savante qui conduisent à la bêtise. Einstein disait : « deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue ». Avec le traitement sanitaire du CODIV-19 en France, nous mesurons maintenant mieux l’étendue de la bêtise.